Yahoo! Music ferme ! et lèse ses clients


yahoomusicLe service Yahoo!Music ferme le 30 septembre 2008! Il est difficile de trouver des informations sur les raisons qui ont poussé Yahoo! à fermer ce service (Aucune information n’est disponible sur le site Yahoo!Music à ce jour). Trois ans après son lancement (voir mon billet sur le lancement de ce service, puis sur ses évolutions), c’est un nouvel échec pour Yahoo!. Cette annonce montre bien les difficultés actuelles du groupe Yahoo! (face à Google et Microsoft).

Cette coupe franche dans les activités en ligne montre par ailleurs que le modèle d’abonnement n’est pas le bon modèle pour la musique en ligne comme nous le défendons depuis plusieurs années sur ce blog.

La notion de transfert de propriété reste un élément insconscient important pour le client. Celui-ci, dans le cas Yahoo!, est dans une situation des plus délicate. Il a payé pendant des mois pour des morceaux (stockés dans son ordinateur ou son lecteur MP3) qu’il ne va plus pouvoir écouter à moins de passer des heures à graver des CD puis à réencoder le tout en M3 ou AAC.

Ces clients honnêtes sont donc victimes des DRM, comme le note très justement l’EFF dans cet article. Yahoo! annonce qu’elle aidera les clients dans leur transition en tenant compte du précédent Microsoft en 2006 (voir mon billet sur ce précédent cas). Les clients sont invités à migrer vers le service Rhapsody de RealNetworks qui repose sur le même modèle d’abonnement, même si realnetworks s’est depuis lancé dans la vente de morceaux en ligne.

Les majors avaient annoncé leur disparation; mais on reste au milieu du gué à ce jour puisqu’iTunes Music Store comporte encore une très large proportion de morceaux avec DRM et que, seul Amazon semble avoir pu obtenir des catalogues sans DRM (pour les seuls Eats-Unis pour l’instant) Les autres distributeurs en ligne sont loin d’avoir obtenus des catalogues complets sans DRM.

On retiendra donc deux leçons de ce fait : Yahoo! n’arrive pas à rivaliser avec Apple et son modèle iTunes+iPod. Les clients honnêtes qui achètent de la musique avec des DRM sont victimes de cet échec. Pendant ce temps, Apple continue de vendre des milliers de morceaux par jour.
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Les nouvelles façons de consommer de la musique en ligne

Le Monde du 11 Février 2008 au travers d'un article intitulé "Les nouvelles façons de choisir sa musique sur Internet" retrace les différentes modalités qui commencent à poindre et dont nous nous faisions l'écho dans cet article.
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La fin des DRM se confirme pour 2008

Après EMI, Warner et Universal Music, il semblerait que Sony BMG se plie également à la décision d'abandon des DRM. Si l'on peut se réjouir d'une telle décision pour le confort d'utilisation que cela va apporter au client final, il semble malheureusement que ce genre de décision arrive bien trop tardivement ! L'iPod est disponible depuis 2001 et Napster est apparu en 1995! Une décennie, c'est le temps que cette industrie aura mis pour commencer à comprendre les tenants et les aboutissants de la recompostion de la chaîne de valeur. La structure oligopolistique de cette indutrie y a été pour beaucoup et il n'est pas certain que la perennité soit encore assurée pour cette industrie.
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La fin des DRM suite

Après Universal, et EMI c'est au tour de Warner Music de mettre à disposition son catalogue numérique sans mesure de protection (DRM). Il est à noter que cette mise à disposition se limite pour l'instant au seul site de téléchargement d'Amazon.com. Comme nous le notions dans le bilan 2007, il est à peu près certain que les majors essayent de contourner Apple plutôt que de faciliter la vie de l'utilisateur final.

En effet, à l'exception d'EMI qui a mis son catalogue à disposition de 'iTunes Music Store sans DRM, Universal a toujours refusé à Apple ce qu'ils ont offerts à Amazon.
Les campagnes anti-DRM vont bientôt devoir se reporter sur les droits de la copie privée instaurés sur tous les supports numériques dans de nombreux pays alors même que la copie privée a été interdite dans la plupart de ces mêmes pays.

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Bilan de l'année 2007 pour l'industrie musicale

Après trois mois d'absence sur ce blog (du fait de ma mission au Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche), il est temps de dresser un bilan de cette année 2007 pour l'industrie musicale.
Le marché mondial reste très déprimé et les ventes de musique numérique ne compensent pas (malgré leur progression) la chute des ventes physiques.

En revanche, les revenus liés au spectacle vivant continuent de croître tant aux USA qu'en Europe. Plusieurs maisons de disque ont acquis des tourneurs tant cette activité semble constituer une alternative en termes de source de revenus.

L'année 2007 aura été marquée par l'abandon des DRM par plusieurs maisons de disques, dont EMI qui au travers de la plate-forme d'Apple propose des morceaux et des albums dans des formats sans DRM et encodés avec meilleur niveau de qualité(iTunes +). Du coup les morceaux sont vendus 1,29€ au lieu de 0,99€. L'arrivé d'Amazon.com aux USA sur le marché de la vente numérique sans DRM n'a pas encore donné des signes de basculement définitif vers des formats libres de restrictions d'usage. La vraie question des DRM est en fait totalement polluée par la volonté des majors de se défaire de la suprématie totale d'Apple sur le marché numérique. En effet, Universal Music a annoncé la vente de musique sans DRM mais pas sur la plate-forme iTunes. L'abandon des DRM par les majors ressemble plus à la volonté de mettre fin à la domination d'Apple en offrant la possibilité aux clients de charger leur musique dans n'importe quel lecteur digital portable plutôt que d'abandonner définitivement les DRM pour faciliter la vie des utilisateurs.

L'année 2007 marque aussi la montée en puissance des réseaux téléphoniques mobiles dans la distribution de la musique sous format électronique. A cet égard, l'arrivée de Nokia comme acteur majeur de ce marché laisse présager des luttes sans merci pour le partage de la valeur ajoutée dans ce secteur. Il n'est pas certain que ce sont les majors qui en sortiront vainqueurs tant le contrôle du client final sera le maillon clé de la réussite. Les acquisitions de l'année 2007 de Nokia pour construire une offre de services en ligne - OVI- montre bien la détermination des construteurs pour capter la valeur ajoutée liée à la musique. Les opérateurs mobiles tentent également de s'approprier une partie de la rente en investissant dans la production de musique comme SFR en France. L'arrivée d'Apple avec l'iPhone complique encore un peu le modèle économique de ce type de distribution puisque le constructeur californien exige qu'une partie de la facture lui soit reversée. Pour la musique, Apple parie sur le wi-fi (inclus dans l'iPhone) pour le téléchargement depuis son iTunes Music Store et tente ainsi de contourner les opérateurs mobiles et leurs plate-formes.

Enfin, l'année 2007 est surtout l'année où le marché du jeu vidéo a égalé le marché mondial de la musique selon un article du Monde en date du 27 décembre. Cette évolution, jamais réellement prise en compte par les industriels du disque, traduit bien les évolutions dans la consommation des biens culturels de divertissement. L'industrie du disque a été incapable de s'adapter à cette évolution et de lui apporter une réponse quelconque. Aujourd'hui, l'industrie du jeu-vidéo innove, particuièrement Nintendo, et attire des nouveaux clients vers ce loisir (adultes, personnes âgées, femmes). Il est à craindre que l'industrie du disque ne soit balayée à terme par cette industrie bien plus puissante et au modèle économique très controlé (maîtrise technologique des consoles, licences, brevets, innovation).

L'avenir de l'industrie musicale s'est considérablement assombri en 2007 tant les nouveaux acteurs ont pris pied dans cette industrie.
L'année 2008 sera vraisemblablement une année charnière pour certaines maisons de disque et une année de consolidation avec des rachats et des acquisitions.



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Test de Starzik.com : une plate-forme multi-format française

logostarzik
Dans l'ère nouvelle de la musique numérique sans DRM, les offres sont encore peu développées même si il y a désormais plusieurs plate-formes offrant des morceaux sans DRM. Parmi celles-ci, Starzik.com, une société française ayant démarré il y a deux ans, propose un catalogue, certes limité (mais pas dénué d'intérêt) d'environ 600 000 titres, composé essentiellement de morceaux provenant de labels indépendants fournis par l'agrégateur The Orchard.
logotheorchard
Les morceaux sont proposés sans DRM et dans différents formats (mp3, AAC, WMA, Ogg, FLAC).
Le client choisit son format au moment du téléchargement. Les prix sont de 0,99 euro par titre, moins chers donc que les morceaux iTunes Plus (1,29 euros).
On a donc testé cette plate-forme en téléchargeant le dernier album des White Stripes.
Voici le résultat de notre expérience:
- On s'inscrit assez rapidement, on trouve rapidement des albums et des morceaux sur un site au design parfois un peu confus;
- il est impossible de télécharger un album en entier d'une seule traite; il faut procéder morceaux par morceaux ce qui est très fastidieux;
- le paiement s'effectue par carte bancaire (d'autres moyens existent); on notera que la barre du navigateur n'affiche pas "https" et pas de cadenas (en fait tout ceci est dans un frame qui fait que cela ne s'affiche pas, cela ne rassurera pas certains clients);
- le téléchargement est assez rapide;
- l'encodage des morceaux est moyen (151 kb/s), on aurait préféré du 192 kb/s en AAC (il y a du FLAC pour ceux qui veulent);
- le rapatriement dans iTunes est un pur cauchemar car les méta-données sont très mal renseignées (même champ artiste/titre; pas de nom de l'album, pas de n° de morceaux) mais cela fonctionne assez bien musicalement parlant après beaucoup d'efforts.

Conclusion: Starzik est un bel effort pour développer la musique en ligne sans DRM en faisant confiance au client. Il n'en demeure pas moins que certaines faiblesses subsitent: interface web peu agréable, pas de téléchargement entier d'album, intégration avec iTunes très limitée. Sur un tel site on mesure encore davantage l'extraordinaire simplicité d'iTunes qui n'a pas d'équivalent à ce jour. Les prix et les formats ne font pas tout, l'expérience utilisateur compte beaucoup. iTunes a encore de beaux jours devant lui.
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