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Bilan de l'année 2007 pour l'industrie musicale

Après trois mois d'absence sur ce blog (du fait de ma mission au Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche), il est temps de dresser un bilan de cette année 2007 pour l'industrie musicale.
Le marché mondial reste très déprimé et les ventes de musique numérique ne compensent pas (malgré leur progression) la chute des ventes physiques.

En revanche, les revenus liés au spectacle vivant continuent de croître tant aux USA qu'en Europe. Plusieurs maisons de disque ont acquis des tourneurs tant cette activité semble constituer une alternative en termes de source de revenus.

L'année 2007 aura été marquée par l'abandon des DRM par plusieurs maisons de disques, dont EMI qui au travers de la plate-forme d'Apple propose des morceaux et des albums dans des formats sans DRM et encodés avec meilleur niveau de qualité(iTunes +). Du coup les morceaux sont vendus 1,29€ au lieu de 0,99€. L'arrivé d'Amazon.com aux USA sur le marché de la vente numérique sans DRM n'a pas encore donné des signes de basculement définitif vers des formats libres de restrictions d'usage. La vraie question des DRM est en fait totalement polluée par la volonté des majors de se défaire de la suprématie totale d'Apple sur le marché numérique. En effet, Universal Music a annoncé la vente de musique sans DRM mais pas sur la plate-forme iTunes. L'abandon des DRM par les majors ressemble plus à la volonté de mettre fin à la domination d'Apple en offrant la possibilité aux clients de charger leur musique dans n'importe quel lecteur digital portable plutôt que d'abandonner définitivement les DRM pour faciliter la vie des utilisateurs.

L'année 2007 marque aussi la montée en puissance des réseaux téléphoniques mobiles dans la distribution de la musique sous format électronique. A cet égard, l'arrivée de Nokia comme acteur majeur de ce marché laisse présager des luttes sans merci pour le partage de la valeur ajoutée dans ce secteur. Il n'est pas certain que ce sont les majors qui en sortiront vainqueurs tant le contrôle du client final sera le maillon clé de la réussite. Les acquisitions de l'année 2007 de Nokia pour construire une offre de services en ligne - OVI- montre bien la détermination des construteurs pour capter la valeur ajoutée liée à la musique. Les opérateurs mobiles tentent également de s'approprier une partie de la rente en investissant dans la production de musique comme SFR en France. L'arrivée d'Apple avec l'iPhone complique encore un peu le modèle économique de ce type de distribution puisque le constructeur californien exige qu'une partie de la facture lui soit reversée. Pour la musique, Apple parie sur le wi-fi (inclus dans l'iPhone) pour le téléchargement depuis son iTunes Music Store et tente ainsi de contourner les opérateurs mobiles et leurs plate-formes.

Enfin, l'année 2007 est surtout l'année où le marché du jeu vidéo a égalé le marché mondial de la musique selon un article du Monde en date du 27 décembre. Cette évolution, jamais réellement prise en compte par les industriels du disque, traduit bien les évolutions dans la consommation des biens culturels de divertissement. L'industrie du disque a été incapable de s'adapter à cette évolution et de lui apporter une réponse quelconque. Aujourd'hui, l'industrie du jeu-vidéo innove, particuièrement Nintendo, et attire des nouveaux clients vers ce loisir (adultes, personnes âgées, femmes). Il est à craindre que l'industrie du disque ne soit balayée à terme par cette industrie bien plus puissante et au modèle économique très controlé (maîtrise technologique des consoles, licences, brevets, innovation).

L'avenir de l'industrie musicale s'est considérablement assombri en 2007 tant les nouveaux acteurs ont pris pied dans cette industrie.
L'année 2008 sera vraisemblablement une année charnière pour certaines maisons de disque et une année de consolidation avec des rachats et des acquisitions.



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Le marché des droits en 2006: Rapport de la SACEM

La SACEM vient de mettre en ligne sont rapport pour l'année 2006 (disponible ici).
L'extrait suivant traduit bien l'évolution du marché des droits :"Côté bilan d’activité, pour la première fois depuis 1992, l’exercice 2006 s’est conclu sur une stagnation des perceptions (-0,2%),résultat essentiellement dû à la chute de 10,2% des droits perçus au titre du secteur phonographique. Les droits provenant de la diffusion publique ont eux progressé de 5,9%, lespectacle vivant continuant de faire preuve d’une excellente santé"
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Les droits pour la copie privée diminue également à 49,7 millions €. Il s'agit donc de la première fois depuis 1992 que les droits collectés diminuent (très faiblement cependant -0,2%). La colelcte sur les CD et DVD diminuent de 9,9% mais dans le même temps, les droits collectés sur le spectacle vivant progressent fortement (+7,4%) avec une très forte progression sur les tournées (+29,1%).
Globalement on est donc encore très loin de la notion de crise de la musique telle que l'industrie du disque s'évertue à faire passer dans les médias. Après une progression continuelle des droits collectés, 2006 marque un tournant dans la structure des droits collectés traduisant l'évolution de l'industrie musicale. Les concerts constituent désormais une alternative importante pour les maisons de disques à tel point que certaines rachètent des tourneurs.
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Amazon MP3 arrive aux USA, Virgin Digital s'arrête !

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Amazon a ouvert son magasin en ligne de musique. Les téléchargements se font au format mp3 et sont donc utilisables sur n'importe quel baladeur numérique. ils sont encodés en 256 kb et les tarifs sont assez agressifs pour un catalogue annoncé de 2 millions de morceaux. Cette offre pour l'instant accessible uniquement aux USA risque de faire une sérieuse concurrence à l'iTunes Music Store qui ne vend des morceaux accessibles uniquement sur iPod. Cela est parfait pour le consommateur qui accède enfin à une offre sans DRM à des prix corrects. On attend la réaction d'Apple à l'arrivée de ce concurrent sérieux.
Dans le même temps on apprend la fin de Virgin Digital qui jette l'éponge après plusieurs années à essayer de se frayer une existence dans le monde de la musique digitale. Cette coïncidence pour troublante qu'elle soit, illustre toutefois une loi des marchés supportés par des réseaux numériques: sans marque forte, il est très difficile d'exister de façon pérenne.
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La musique, nouveau produit d'appel des FAI. Quel intérêt?

Neuf Télécom a lancé en cette fin d'été une offre de téléchargement légale dont on peine à comprendre l'intérêt malgré le buzz marketing autour de cette offre qui oublie de préciser les nombreuses conditions restrictives.

On a réellement le sentiment qu'Universal Music tente de tout faire pour échapper à la domination d'Apple. Après le refus de distribuer des morceaux sans DRM sur iTunes, l'offre Neuf Telecom s'avère être incompatible avec l'iPod et l'iPhone et le Mac. Alors qu'Apple domine toujours le marché de la musique en ligne au niveau mondial, Universal prend le risque de se passer de 70% des acheteurs potentiels. La stratégie d'Apple a mis les maisons de disque dans une situation de dépendance qui n'existait pas à l'ère de la distribution physique. Les errements successifs des majors se payent donc chers. Universal entend s'associer à Amazon pour vendre sa musique sans DRM. Si on peut, en tant que client, se féliciter d'une plus grande concurrence dans la distribution, on reste très sceptique sur la nouvelle offre Neuf Telecom / Universal.

Quelle est-elle précisément?

1) Il s'agit en fait d'une offre de location ! Si vous cessez de payer votre abonnement à Neuf, plus de musique! Il faut renouveler votre engagement tous les mois. Le terme illimité est donc totalement fallacieux. Si je change de FAI, que deviennent les morceaux pour lesquels j'ai payé ? Ils disparaissent?
2) Je ne peux m'abonner qu'à un catalogue de genres, par exemple "chansons françaises" sinon je dois payer 4,99€ par mois. L'éclectisme est donc banni par Universal. Le client appréciera.
3) Cela ne fonctionne que sous Windows Media Player et qu'avec un nombre restreint de baladeurs numériques (absence du Zune et de l'iPod!) et on ne peut transférer sa musique que sur 3 ordinateurs et 3 baladeurs. Rappelons que Faiplay d'Apple autorise 5 ordinateurs et un nombre illimité d'iPods.

Alors même que toutes les offres d'abonnement en musique ont jusqu'à aujourd'hui échoué, on attend avec impatience les chiffres d'abonnés dans les mois qui viennent.
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Test de Starzik.com : une plate-forme multi-format française

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Dans l'ère nouvelle de la musique numérique sans DRM, les offres sont encore peu développées même si il y a désormais plusieurs plate-formes offrant des morceaux sans DRM. Parmi celles-ci, Starzik.com, une société française ayant démarré il y a deux ans, propose un catalogue, certes limité (mais pas dénué d'intérêt) d'environ 600 000 titres, composé essentiellement de morceaux provenant de labels indépendants fournis par l'agrégateur The Orchard.
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Les morceaux sont proposés sans DRM et dans différents formats (mp3, AAC, WMA, Ogg, FLAC).
Le client choisit son format au moment du téléchargement. Les prix sont de 0,99 euro par titre, moins chers donc que les morceaux iTunes Plus (1,29 euros).
On a donc testé cette plate-forme en téléchargeant le dernier album des White Stripes.
Voici le résultat de notre expérience:
- On s'inscrit assez rapidement, on trouve rapidement des albums et des morceaux sur un site au design parfois un peu confus;
- il est impossible de télécharger un album en entier d'une seule traite; il faut procéder morceaux par morceaux ce qui est très fastidieux;
- le paiement s'effectue par carte bancaire (d'autres moyens existent); on notera que la barre du navigateur n'affiche pas "https" et pas de cadenas (en fait tout ceci est dans un frame qui fait que cela ne s'affiche pas, cela ne rassurera pas certains clients);
- le téléchargement est assez rapide;
- l'encodage des morceaux est moyen (151 kb/s), on aurait préféré du 192 kb/s en AAC (il y a du FLAC pour ceux qui veulent);
- le rapatriement dans iTunes est un pur cauchemar car les méta-données sont très mal renseignées (même champ artiste/titre; pas de nom de l'album, pas de n° de morceaux) mais cela fonctionne assez bien musicalement parlant après beaucoup d'efforts.

Conclusion: Starzik est un bel effort pour développer la musique en ligne sans DRM en faisant confiance au client. Il n'en demeure pas moins que certaines faiblesses subsitent: interface web peu agréable, pas de téléchargement entier d'album, intégration avec iTunes très limitée. Sur un tel site on mesure encore davantage l'extraordinaire simplicité d'iTunes qui n'a pas d'équivalent à ce jour. Les prix et les formats ne font pas tout, l'expérience utilisateur compte beaucoup. iTunes a encore de beaux jours devant lui.
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Où en est Napster ?

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Au 31 mars 2007, Napster termine son année fiscale avec un chiffre d'affaires de 111,1 millions de $ en hausse de 17% par rapport à l'année 2006. Les pertes continuent de s'accumuler puisque l'entreprise a encore enregistré une perte de 36,8 millions de $ sur l'année fiscale. On rappelle que le modèle économique de Napster est celui d'un abonnement (ou location de la musique). Ce modèle, malgré les annonces concernant le nombre d'abonnés (830 000 en croissance de 37% par rapport à 2006), peine à s'imposer auprès des consommateurs. A tel point que les dernières annonces de Napster montrent bien une inflexion dans sa stratégie en devenant opérateur marque blanche pour des opérateurs téléphoniques (NTT Docomo, Swisscom), des constructeurs (Motorala). Bref, le modèle réel de Napster s'oriente vers le B2B offrant un catalogue de titres et des services à des clients cherchant à développer une offre de musique sur les mobiles, seule alternative envisagée par de nombreux acteurs pour contourner l'indétronable iTunes Music Store. Cette réorientation stratégique suffira-t-elle à garantir un avenir à cette entreprise qui n'a toujours pas gagné d'argent depuis son rachat par Roxio.
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Connect débranché ! Sony ferme sa plate-forme de vente en ligne de musique

Image 2Sony vient d'annoncer la fermeture de son service de musique en ligne Connect. Cette plate-forme de vente de musique digitale n'a jamais réellement décolée. Ne fonctionnant au départ qu'avec les lecteurs de Sony supportant le format ATRAC3, offrant une catalogue limité, Connect n'a jamais constitué une réelle menace pour iTunes. Cet échec démontre bien que les majors n'ont pas su développer le bon modèle de distribution en ligne, restant enfermé dans des représentations dépassées (format propriétaire, restriction d'usage). Connect sera réonrienté pour vendre des contenus pour la Playstation et les ebooks.
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