Le succès de la plate-forme commerciale eMusic se poursuit en Europe. La vente sans DRM attire les consommateurs qui pensent enfin pouvoir disposer de morceaux inter-opérables quelque soit le lecteur multimédia (iPod, ordinateur, etc...) qu'ils utilisent. La Fnac se lance également dans la vente sans DRM (cf. copie d'écran).

Que signifie cette évolution?
On peut d'abord penser qu'il s'agit de faire pression sur Apple qui ne veut toujours pas licencier sa technologie de DRM (FairPlay). Cependant, celle-ci vient d'être contournée par DVD Jon (son blog) et mise à la disposition de toute entreprise qui souhaite distribuer son catalogue musical pour qu'il fonctionne avec un iPod. Les majors ont certainement d'autres moyens de faire pression sur Apple.
On peut ensuite penser que les distributeurs commencent enfin à comprendre que les DRM sont un obstacle au développement du marché numérique. Le fait qu'Apple n'ait pas encore réagit au contournement de sa technologie, que la Fnac s'autorise à vendre sans DRM, sont autant de fait qui ouvre un espoir que le marché va enfin se libérer de ces contraintes techniques. Mais, après tant d'années à lutter contre la libre utilisation de la musique achetée, il serait étonnant que les majors abdiquent si facilement. Attendons de voir comment eMusic progresse et quelles seront les réactions des majors et d'Apple.
Kazaa: la fin de l'illégalité !
Eté 2006 - Kazaa a accepté de payer une amende de 115 millions de $ au MPAA et au RIAA pour mettre fin à leurs poursuites juridiques. Kazaa a accepté de distribuer légalement lamusique de quatre majors : Universal, SonyBMG, Warner et EMI. Il s'agit d'une victoire importante de l'industrie musicale dans la mesure où Kazaa constituait un réseau P2P important. Il n'en demeure pas moins que d'autres réseaux P2P persistent et sont encore plus importants comme eMule. Kazaa était moins utilisé dans la mesure où l'utilisation de ce réseau comportait de nombreux désavantages pour l'utilisateur: spyware, malware, et captation des données personnelles à l'insu des utilisateurs.
Le nouveau modèle Napster : Napster To Go [update 22-08-2006]
Fin 2004, Napster lance un nouveau modèle économique Napster To Go (déjà tenté par les majors lors de leurs tentatives malheureuses de distribution en ligne), l’abonnement. L’abonnement est facturé 14,95$ / mois et autorise le téléchargement illimité de musique depuis la plate-forme Napster (disponible uniquement aux USA et en Grande-Bretagne). Cette formule comporte une condition peu mise en avant par la société : dès l’arrêt de l’abonnement, les morceaux ne sont plus actifs et donc inutilisables sur les différents lecteurs (grâce au système des DRM de Microsoft). L’abonné est donc captif et lié à un abonnement indéfini ! Reste que la campagne marketing efficace semble attiré les utilisateurs. La campagne met en avant que pour le prix d’un disque le client a la possibilité de télécharger de façon illimitée !
voir www.napster.com
[update, août 2006] La société Napster voit le nombre de ses abonnés progresser mais est loin de son point de rentabilité, accusant toujours des pertes importantes. Napster tente de modifier son modèle, en fournissant de la musique gratuite contre de la publicité. Mais cette nouvelle formule ne rencontre pas d'écho très favorable.
Le téléphone mobile comme nouveau canal de distribution de la musique
L'arrivée des infrastructures réseaux de seconde et troisième génération (GPRS et UMTS) constitue une réelle opportunité pour toucher de nouveaux clients grâce à ce canal technologique.En effet, les débits du GPRS (grosso modo équivalent à ceux d'un modem RTC classique) et plus encore ceux de l'UMTS (un peu moins que de l'ADSL 512K, 384 kb/s pour être précis) permettent des téléchargements de sonneries musicales ou tout simplement de morceaux de musique ou encore de clips vidéos. Les terminaux récents sont en effet capables de lire des fichiers Midi ou mp3 (ou d'autres formats comme par exemple les smartphones utilisant l'OS de Microsoft).
Ce marché a généré un chiffre d'affaires de 6,603 millions d'euros en 2004 selon le SNEP à comparer aux 921 millions d'euros de chiffre d'affaires total du secteur en France.
Pour l'instant les produits disponibles sont :
- sonneries (monophoniques, polyphoniques, hi-fi (mp3));
- images ou logos (noir et blanc, couleur, animées)
- message de répondeur
- karaoké.
Il existe dans ce domaine des acteurs d'envergure internationale qui constituent désormais des fournisseurs dans la chaîne de valeur mobile:
- ZED, filiale de Sonera (opérateur téléphonique finlandais). Yahoo possède 15% de cette entreprise qui possède une certaine avance dans le domaine des jeux Java pour téléphone mobile.
- WES (Wireless Entertainment Services) entreprise finlandaise; existe de puis 1998.
- K-MOBILE entreprise française présente sur plusieurs marchés européens.
Outre ce type d'acteurs, les maisons de disque (majors) ont toute leur chance sur ce marché dans la mesure où l'élévation du niveau technique des terminaux permet l'utilisation des fichiers musicaux soumis à des droits d'auteurs.
Pour les sonneries monophoniques, il suffit de s'acquitter d'une redevance à la SACEM pour pouvoir les commercialiser. Avec les sonneries polyphoniques et hi-fi, ce sont de véritables morceaux originaux qui sont utilisés. Par conséquent, la possession des droits sur ces morceaux est un avantage concurrentiel indéniable. C'est celui-ci que tente d'exploiter par exemple Universal Mobile.
Encore très émergent, ce canal peut rapidement devenir un canal central pour la distribution de la musique. En effet, les terminaux embarquent de plus en plus de mémoire, voire des mini-disques durs autorisant dès lors le stockage de la musique et transformant le téléphone en lecteur mp3.
Apple ne s'y est pas trompé puisqu'en partenariat avec Motorola elle décline désormais son iTunes Music Store depuis un téléphone de son partenaire (disponibilité premier semestre 2005).
Il n'en demeure pas moins que la chaîne de valeur mobile est complexe et que le partage des revenus soit difficile entre les fournisseurs de techniques (gestion des droits numériques), constructeurs de terminaux, éditeurs de systèmes d'exploitation, les éditeurs de contenus, les fournisseurs de contenus (Service à valeur ajoutée), les opérateurs eux-mêmes et les distributeurs.