Personnalisation, valeur d'usage et avenir de la
musique. [Janvier 2008]
La révolution numérique dans l'indsutrie de la musique est
une révolution comparable à celle qui se déroule dans bien
d'autres secteurs : la révolution du client.
La trop forte focalisation des médias et des analystes sur
la technologie (piratage, P2P, taxes sur les supports, DRM)
au détriment de la nouvelle place du client dans la
création de valeur est un handicap fort pour comprendre les
mutations en cours dans cette industrie.
La technologie est envisagée par l'oligopole mondial comme
un problème et un ensemble de contraintes supplémentaires
qui mettent à mal leur modèle d'affaires. Il faut bien
comprendre le rôle de la technologie. En tant que telle,
elle ne change pas grand chose à part dématérialiser le
produit. Ce qui change tout c'est que lorsque le client
accède à la technologie alors celle-ci change radicalement
son comportement dans deux directions:
1) Le client ne souhaite plus payer la musique;
2) Le client veut disposer de la musique "anytime
anywhere";
Le client cherche à tirer profit de la technologie
numérique dans ses usages (baladeur numérique, téléphone
mobile, écoute multi-postes au domicile, lecteur auto). La
disposition à payer du client est fortement dépendante du
potentiel d'usage du numérique, aujourd'hui bridé par les
DRM. Les majors veulent faire payer chaque usage, le client
veut payer une fois pour tous les usages. Cette opposition
traduit deux conceptions: l'une centrée sur le produit
(majors), l'autre centrée sur la valeur d'usage, le service
(client).
La révolution technologique transfert le pouvoir au client
en lui offrant un potentiel d'usage inégalé qui ébranle le
modèle de revenus et le modèle d'affaires de l'industrie
musicale. Arqueboutée sur la notion de produit, l'industrie
du disque s'empêche de repenser son modèle d'affaires
autour de la notion de service musicale en adoptant une
vision du marché centrée sur le client et nons sur le
produit.
Concevoir des services musicaux nécessite de comprendre le
potentiel de la technologie numérique et de l'exploiter
pour le combiner avec d'autres services à valeur ajoutée.
Quels services sont imaginables?
- Les services numériques:
téléchargement avec encodage de plusieurs niveaux de
qualité (256 kb/s et supérieur);
- personnalisation des recommandations (comme Amazon le
pratique en combinant différents algorithmes de filtrage
collaboratif);
- abonnement à des chaînes de radios personnalisés (type
Last.fm);
- hébergement de la musique sur serveur sécurisé disponible
partout dans le monde;
- partage de la musique achetée avec un réseau d'amis;
Ces services existent d'ores et déjà début 2008 mais aucun
acteur de taille mondial ne les propose de façon efficace
et simple pour une tarification intéressante.
Ces services doivent se combiner à d'autres services:
- alertes sur les concerts;
- merchandising de produits dérivés (livres, T-shirt,
etc...);
- tarifs spécifiques pour les concerts;
- accès aux enregistrements de concerts sous forme de CD
après le concert ou en VOD à domicile;
Encore une fois, ces services existent tous en 2008 mais
ils ne sont pas combinés avec les précédents ou très
faiblement sur last.fm
Il existe donc un potentiel important de développement dans
l'industrie du disque dès lors qu'une offre structurée et
complète sera proposée aux clients. Celui qui l'initiera
pourrait prendre une place nouvelle dans l'industrie de la
musique.
Comment ramener le consommateur à une offre payante?
Les majors ne savent plus comment faire pour ramener le
client qu'ils ont perdu et qui se contentent de récupérer
des morceaux et des albums grâce à des logiciels de P2P?
La tâche semble immense lorsque les consommateurs semblent
ne plus vouloir payer et que l'offre est disponible
gratuitement (mais illégalement).
Est-ce vraiment la réalité ?
Si l'on observe la réalité de la téléphonie mobile et même
si les téléchargements de sonneries de téléphone stagnent
et ne représentent plus la manne qu'elles ont pu constituer
pour les opérateurs de téléphonie, on s'aperçoit que les
jeunes sont prêts à payer pour cette musique là à des
prix... exorbitants. Payer une sonnerie au format MIDI dont
la durée n'excède pas 30 secondes plus d'un euro, c'est un
prix exorbitant et le client ne trouve rien à redire à
cela. il en a acheté des millions.