Copie privée, commission d'Albis: la fin d'un modèle

La France est un des pays dans lequel il existe une taxe sur la copie privée. Le droit de copie privée est considéré comme un manque à gagner par les auteurs, producteurs et ayant-droits. Depuis 2001, il existe une taxe sur les supports numériques alors même que la loi DADVSI interdit quasiment la copie privée (voir article). L’extension de cette taxe à de plus en plus de supports numériques (CD, DVD vierges, clé USB, téléphones portables, baladeurs numériques) a fini par profondément agacer l’industrie de l’électronique qui se voit injustement taxée, objectant que ses produits ne sont pas la cause de pratiques illégales.

Après avoir déposé un recours au Conseil d’Etat, ce dernier vient de donner raison aux industriels. Comme l’explique Christiane Féral-Schuhl dans une tribune au Journal du Net, « l'arrêt du Conseil d'Etat est important car, en annulant les barèmes fixés pour les supports numériques concernés par la décision n°7 (baladeurs, enregistreurs de salons et DVD vierges), il impacte plus largement le mode de calcul de la rémunération qui a été mis en oeuvre pour toutes les autres décisions de la Commission copie privée. D'autres recours sont d'ailleurs pendants devant le Conseil d'Etat, notamment contre les décisions n°8, 9 et 10. » Autrement dit la copie illicite ne peut être une base pour asseoir une taxation !

D’une façon plus générale, on ne peut qu’attendre avec impatience les propositions d’Eric Besson, secrétaire d’Etat à l’économie numérique, en la matière issues des Assises du Numérique. Il semble, en effet, que la commission d’Albis ne pourra continuer à siéger sous sa forme actuelle, tant sa légitimité est désormais affaiblie après les départ des industriels et un tel arrêt du conseil d’Etat.

La France va-t-elle enfin entrer de plein pied dans l’ère du numérique ? Va-t-elle mettre en cohérence la loi DADVSI avec l’existence d’une taxe sur la copie privée? Rien n’est moin sûr. La loi LME votée au printemps 2008 semble ignorer certains aspects propres à la vente électronique. Pour d’autres raisons, on s’apprête déjà à créer une taxe sur le chiffre d’affaires des opérateurs Internet et mobiles. Quand donc ce pays se donnera-t-il la chance d’entraîner pleinement dans le numérique ?
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Crise de la musique : quelle crise ? Analyse du rapport 2007 de la SACEM

Le rapport d’activité de la SACEM pour l’année 2007 est enfin disponible (28/08/2008). Il permet de se rendre compte que la crise dans l’industrie musicale est une crise des supports et des modèles de distribution mais pas des revenus des artistes en France. En effet, contrairement à l’an dernier où les revenus avaient très légèrement diminué (cf. article du 30/09/2007 sur ce sujet), les perceptions sont en hausse de 0,4% en 2007.
Les sommes collectées s’élèvent donc en 2007 à 759,1 millions d’euros.

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Les taxes sur la copie privée fixée par la commission Albis (en sursis depuis un arrêt du conseil d’Etat sur la fixation des montants, cf. articles ici) progressent toujours, grâce à l’inclusion des clés USB, et depuis le 1er mai 2008 des téléphones mobiles disposant d’une capacité de stockage, et représentent un total de 51,5 millions d’euros, soit 6,8% des recettes. (cf. graphique ci-dessous)

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L’analyse des revenus perçus montre une très forte stabilité des principales sources de revenus : la télévision 26,6%, diffusion de musique enregistrée (boîtes de nuit, magasins, etc...) 21,1%, les CD, DVD 16,5%. Cette hiérarchie des perceptions évolue peu dans le temps et démontre bien que contrairement à ce que soutiennent de nombreux acteurs industriels, la crise de la musique est celle des producteurs de phonogrammes et des distributeurs en aucun cas celle des artistes. Le lobbying intense des maisons de disque a conduit à la rédaction d’un rapport (Rapport Olivennes) qui débouchera sur des mesures légales en France très problématique du point de vue du respect de la vie privée des utilisateurs d’Internet. On invoque les artistes et la création mais ces mesures ne sont destinés qu’à protéger les maisons de disque elles-mêmes.

Mais qui diffuse ces informations ? Très peu d’articles sont produits sur le sujet car cela met en porte à faux tout le discours des acteurs industriels qui dans l’ensemble est peu relayé par les artistes eux-mêmes. Normal, collectivement, leurs revenus n’ont pas baissé depuis 2000 !
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Les ventes de musique sous format numérique progressent

Les résultats du troisème trimestre de Warner montrent bien la croissance du format numérique pour la musique. Ce format représente désormais 20% du chiffre d’affaires de Warner Music Group, soit 166 millions $ au troisième trimestre 2008 en progression de 39% par rapport à 2007. Ce chiffre confirme les résultats du second semestre : 164 millions de C.A. dans le numérique pour cette période. Warner semble la major qui a le plus réorienté ses ventes sur ce format.
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